dimanche 4 janvier 2009

Lettre à tous ceux qui oeuvrent aujourd'hui pour contrer l'entreprise de démantèlement de l'Ecole Publique.

Chers collègues,

Nous sommes un collectif d’enseignants nouvellement titularisés. D’ici quelques semaines nous allons recevoir une prime (1500 euros), offerte gracieusement par le cabinet du ministre. Dans une « déclaration d'intention » publiée sur le site http://pouruneecolerepublicaine.blogspot.com/ nous expliquons pourquoi nous considérons que cette gratification conjoncturelle doit être mise au nombre des manoeuvres médiatiques dont use M Darcos pour détourner l'attention de l'opinion de la réalité du désengagement de l’Etat vis-à-vis de l’institution scolaire.

Aussi, l’octroi de cette prime symbolique, dite « prime d’entrée dans le métier », nous a-t-il paru être l’occasion toute choisie pour manifester publiquement la façon dont nous entendons, précisément, faire notre « entrée dans le métier » :
- En témoignant fortement, en cette période difficile, notre solidarité envers nos collègues et nos élèves.
- En rappelant à nos concitoyens que sans un engagement civique minimum, nos institutions républicaines ne sauraient résister aux entreprises de ceux qui s’emploient à dévoyer la quête collective du bien commun, en la dissolvant en une multitude d’égoïsmes particuliers.
- En prévenant enfin notre ministre de ce que les différents appâts financiers dont il pourrait user conjoncturellement ne sauraient faire fléchir notre vigilance vis-à-vis du respect des missions premières de la puissance publique, et notamment au devoir qu’elle a d’assurer de bonnes conditions d’instruction à chaque enfant de la nation.

C’est pourquoi un certain nombre d’entre nous a décidé de renoncer à tout ou partie de cette prime, soit en la reversant à des caisses de soutien d'action unitaire de défense de l' école, soit en la mettant à disposition des amicales laïques d’établissements scolaires nouvellement déshérités.
Par ce présent courrier, nous invitons donc ceux d’entre vous que notre démarche motiverait, à prendre contact avec nous (via le site internet mentionné plus haut), de façon que nous puissions ensemble voir comment organiser, grâce aux quelques ressources matérielles que notre collectif est susceptible de pouvoir réunir, grâce également aux relais médiatiques qu’il a pu établir, des manifestations publiques d’entraide civique aux établissements scolaires déshérités.
Faire savoir que certains citoyens s’emploient à pallier, dans la mesure de leurs très faibles moyens, le désengagement de l’Etat vis-à-vis de l’Ecole, sera peut-être propre à émouvoir un peu l’opinion. En tout cas cela corrigerait l'image que certains se sont plu à diffuser, présentant les enseignants comme un corps ne sachant que défendre, égoïstement, des « privilèges » catégoriaux.

Sur le plan matériel, nous savons bien évidemment que notre démarche ne saurait prétendre avoir des effets très conséquents. Nous n'ignorons pas que ce dont a le plus grand besoin l’éducation nationale aujourd’hui, c’est d’une politique courageuse et suivie de recrutement, par concours nationaux offrant des garanties statutaires, permettant aux maîtres de n'avoir pas à prendre en charge un nombre déraisonnable de classes, composées elles-mêmes d’un nombre déraisonnable d’élèves. Et nous savons que sur ce point nous sommes totalement impuissants.
Mais il nous semble pourtant que le genre d’action symbolique que nous nous proposons de mettre en oeuvre pourrait être profitable à la promotion du large mouvement de résistance civique que beaucoup appellent de leurs vœux, et sans lequel, il faut le craindre, l'Ecole ne saurait être sauvée.

Respectueusement,

Un collectif de professeurs néo-titulaires.